René Giguère

La montagne est un écosystème  comprenant une série de zones de végétation qui varient en fonction de plusieurs facteurs dont le principal est l’altitude. Le randonneur  observera en gravissant la montagne des changements dans la  composition de la végétation jusqu’à  y voir, au delà d’une certaine altitude,  disparaître les arbres. Il se trouve alors en zone que l’on dit alpine, un milieu où ne persiste que la strate herbacée accompagnée d’arbustes prostrés et rampants.

En l’absence d’arbres et  dans une atmosphère où l’air est raréfié, les plantes sont exposées à une lumière  vive, aux  rayons ultraviolets  intenses et à un climat  rude. Celles qui  prospèrent dans cet environnement sont celles que l’on appelle  des plantes alpines. Elles sont différentes des plantes d’autres milieux car elles  sont adaptées pour faire face aux conditions extrêmes de la haute montagne. En outre, pour assurer la survie de l’espèce et produire leurs semences, elles  complètent leur cycle vital  rapidement à l’intérieur d’une courte saison de croissance, l’été ne s’étalant souvent que sur quelques semaines. On observe ainsi des plantes à  floraison hâtive qui déploient des fleurs nombreuses, souvent surdimensionnées et vivement colorées  pour attirer les insectes pollinisateurs. Les racines prennent aussi une  autre fonction chez les alpines car elles doivent non seulement ancrer solidement la plante au sol rocailleux des pentes et éboulis des montagnes mais en plus elles y  entreposent des réserves nutritives qui permettront à la plante de reprendre rapidement son cycle végétatif le printemps revenu.

Pour profiter au maximum des rares degrés de chaleurs aussitôt la neige fondue, les plantes se développent près du sol formant des tapis, captant ainsi  la chaleur  relative qui est  plus élevée au niveau du sol. Certaines espèces voient leurs tiges et leurs feuilles recouvertes  de poils alors que d’autres présentent des tissus épais protégés par des carapaces coriaces , dans les deux cas afin de palier aux changements brusques et imprévisibles de température en haute altitude.

Devant un tel portrait on pourrait penser que les plantes alpines sont  des plantes qui demandent un certain doigté de la part du  jardinier qui souhaite en faire la culture dans son jardin. De fait , de nombreuses espèces se classent comme difficiles voire impossibles à cultiver à cause des conditions de culture trop contraignantes qu’elles requièrent. Les conditions de nos jardins sont bien différentes de celles qui se rencontrent en milieu naturel, notamment en montagne. Néanmoins de nombreuses espèces sont adaptables et c’est là un mot clé, car  la réussite de culture de ces plantes repose simplement sur une meilleure connaissance de leurs conditions de vie jumelée à une modification du jardin pour tenter de recréer  ces conditions. À partir du moment où l’on amende le sol pour le rendre plus drainant, où l’on rassemble des conditions telles une bonne exposition à la lumière et un site sans compétition avec les racines d’arbres et  surtout exempt de mauvaises herbes, nous avons des conditions minimales  favorables nous  permettant d’amorcer l’exploration de ce type de plantes. Facteur important à considérer, l’utilisation de la pierre est incontournable dans ce type de culture, la survie des plantes alpines étant intimement reliée à la présence de la pierre autour d’elles puisqu’elle fait partie intégrante du milieu.