Podophyllum hexandrum
Riche en matière organique, humide et bien drainé
Semis
Croyez-le ou non, mais ces deux photos de deux différents plants du podophylle de l’Himalaya* prises à quelques jours de différence, sont d’une même espèce qui poussent dans mon jardin. Je pense que ces photos en disent long sur l’importance de la lumière, mais surtout de l’ombre, pas seulement en rapport avec la qualité photographique, mais pour ce qui est des plantes de nos jardins.
L’air sec et la lumière intense du Colorado (où moi-même je cultive) amplifient ces contrastes : nos collines sont sillonnées par des gorges où poussent le cypripède jaune (sabot de Vénus), des lis des bois, des fougères de la famille des dryoptères** sur le versant Nord, et à l’opposé, sur la pente ensoleillée, on peut y observer des cactus en forme de boules épineuses (Pediocactus simpsonii) et des yuccas!
Voilà trente ans ou plus que je cultive des podophylles de l’Himalaya*; il y a peu de plantes qui varient autant qu’elles, déjà par leur forme lorsqu’elles se réveillent au printemps et qu’elles émergent du sol (souvent en fleur), celle qui produira le prodigieux fruit ovale et rouge; leurs feuilles, ensuite déployées comme des ailes, protégeront jalousement le fruit qui mûrira au début de l’été. C’est davantage un gracieux ballet qu’une banale floraison! En outre, c’est une plante qui cumule des vertus reconnues par différentes cultures : elle est largement utilisée dans la médecine traditionnelle chinoise et par la médecine occidentale qui en retire les alcaloïdes qu’elle contient pour traiter le cancer du sein. Dans nos jardins, il semble qu’elle pousse bien dans les coins où sont cultivées les autres plantes forestières comme le gingembre, la plupart des fougères ou les dicentras.
Nous avons trouvé plusieurs de ses parentes dans la partie orientale de l’Asie ((P. pleianthum, P. versipelle, P. delavayi: toutes séparées en micro-genres par ces botanistes pointilleux!) mais elles sont moins fiables – souvent, elles succombent aux gelées tardives du printemps.
Le podophylle de l’Himalaya m’a paru facile à cultiver à partir d’un semis – il est presque toujours disponible lors de l’échange des graines de la NARGS (cette année, c’est sûr – j’en fournis beaucoup provenant de mes plantes!) Il est également vendu par quelques rares pépiniéristes sur les deux côtes (par exemple, mes plantes proviennent de Far Reaches Farm).
C’est un des innombrables trésors forestiers qui enrichissent le coin ombragé de nos rocailles. Jetez un coup d’œil sur notre site web NARGS pour trouver les trois webinaires de cet hiver : Le premier cerne la culture des plantes d’ombre; il est réalisé par Bridget Wosczyna-Briddes dont le jardin se trouve en Pennsylvanie. Vous pourrez voir de nombreux jardiniers chevronnés de toute l’Amérique du Nord.
Vous trouverez à l’adresse suivante, un blog où vous pourrez admirer une galerie de photos du podophylle de l’Himalaya, certaines cultivées au jardin et d’autres dans leurs milieux naturels. http://prairiebreak.blogspot.com/2020/09/sinopodophyllum-hexandrum-varyunnanense.html
Comme j’ai utilisé les noms communs dans cet article, vous trouverez la nomenclature latine des plantes citées ci-dessus. Je trouve que plusieurs textes botaniques sont facilement encombrés par beaucoup de noms scientifiques, alors qu’il existe des noms populaires très charmants et plus largement connus de tous que nous pouvons utiliser sans nous tracasser.
*On deviendrait vite prétentieux, vous savez! Je préfère m’en tenir à Podophylle de l’Himalaya pour le “Sinopodophyllum hexandrum”. Toutefois, je suis persuadé que le botaniste qui a divisé le genre avait de bonnes raisons de le faire. En 300 Av. JC. approximativement, le philosophe chinois Gongsun Lung remarquait qu’on pouvait affirmer ceci 白馬非馬:: « un cheval blanc n’est pas un cheval. » Je pense que les chevaux blancs SONT des chevaux et que les podophylles sont des podophylles, qu’ils poussent en Chine ou dans l’Ohio.
** Cypripedium pubescens, Lilium philadelphicum var. andinum and Gymnocarpium disjunctum for the rock gardeners who eschew common names.
*** Asarum spp., Dicentra cucullari
– par Panayoti Kelaidis
Il s’agit d’un premier texte d’une série publiée par M. Panayoti Kelaidis (président actuel de la North American Rock Garden society – NARGS). La SPARQ est le chapitre québécois de la NARGS. M. Kelaidis fait la promotion de l’horticulture ornementale (mission éducative) et agit également en tant qu’agent de liaison avec les sociétés botaniques, les organisations professionnelles d’horticulture et les membres de l’industrie verte en tant qu’expert. Au cours de sa carrière, il a publié plus de 100 livres horticoles voir note 1. Ce texte est donc d’un beau cadeau et ses articles sont le résultat d’une belle collaboration de Panayoti Kelaidis. L’article nous a été envoyé en anglais. Ce texte traduit résulte de la collaboration de quelques membres, pour le bénéfice des tous les membres de la SPARQ et pour celui des visiteurs de notre site.
Note 1 : pour en savoir davantage sur Panayoti Kelaidis, vous pouvez voir plus d’info sur le lien suivant : https://nargs.org/speaker/panayoti-kelaidis