Gentiana aculis
Gentiana aculis L.
Humifère et tourbeux amendé de gravier non calcaire. Appliquer un paillis de gravier granitique à la plantation.
Semis , stotons
La Gentiana acaulis L., de son nom commun gentiane acaule, est le taxon représentatif de la famille des Gentianacées, une grande famille qui regroupe 700 espèces de toutes formes et couleurs réparties sur 82 genres dont la distribution s’étale sur tous les continents. Parmi les genres qui sont un peu plus connus des amateurs d’alpines, mentionnons Eustoma, Frasera, Gentianelle, Gentianopsis, et Swertia.
L’espèce acaulis est répartie dans différentes montagnes d’Europe s’étalant des Pyrénées au nord-est de l’Espagne, passant par les Alpes françaises, italiennes,suisses,autrichiennes, jusqu’à la péninsule Balkanique , la Bulgarie, la Roumanie, l’Ukraine et, même, en République Tchèque dans les Carpates plus au nord. Elle se trouve à des altitudes variant de 1200 à 3200m. La plante est caractérisée par des rosettes de feuilles glabres, lisses et brillantes formant des rosettes parmi lesquelles se développent de courtes tiges florales, avec feuilles embrassantes, qui portent une fleur campanulée en forme d’entonnoir de grande dimension, d’un bleu azur foncé qui semble velouté. L’intérieur de la fleur est tacheté de vert olive et de jaune plus bas dans la gorge. Au jardin alpin du Jardin Botanique de Montréal elle fleurit entre la mi-mai et le début juin. On comprend par sa grande beauté qu’elle soit devenue, avec l’Édelweiss, associée au folklore et aux œuvres artistiques des villages alpins et des pays où elle abonde dans la nature.
La Gentiana acaulis est la première gentiane à apparaitre dans la célèbre revue Curtis’s Botanical Magazine en 1788, elle est donc en culture dans les jardins depuis fort longtemps. Le terme acaulis qui veut dire « sans tige » décrit bien le port trapu de cette espèce qui forme des talles basses dans les pelouses alpines. Elle occupe des habitats variés tels les prairies alpines, les éboulis, et les forêts conifériennes clairsemées des régions alpines et subalpines. Bien qu’elle préfère les sols acides, elle colonise aussi des sols légèrement alcalins. Elle pousse en plein soleil, solidement installée lorsque les sols ne se dessèchent pas. Si le soleil fait défaut, elle devient moins compacte.
Culture
Les jardiniers qui essaient de la cultiver trouveront parfois qu’elle ne fleurit pas facilement. Le fait que la culture de cette plante existe depuis longtemps explique qu’il soit apparu dans les pépinières de nombreuses variantes clonales. Or il faut savoir que certains clones ne sont tout simplement pas florifères, il vaudrait mieux dans ce cas essayer d’autres sources.
Pour réussir la culture, il faut trouver l’endroit qui lui sera optimal. Pour compenser la fraicheur des montagnes que nous ne pouvons pas leur donner dans nos jardins de plaines, à défaut d’avoir à la fois un coin frais et bien éclairé, on verra au moins à donner le meilleur substrat qui va lui plaire. Il est donc conseillé de cultiver la gentiane acaule dans un sol humifère et tourbeux amendé de gravier non calcaire tel que le granite. Ce gravier sera ajouté en surface comme paillis ce qui maintiendra l’humidité au sol et conservera le collet de la plante au sec.
Dans son milieu naturel en altitude, le soleil ne gêne pas, car la fraicheur y est toujours, la rosée du matin étant quotidienne en montagne. Dans nos jardins chauds, on cherchera à lui trouver un site qui reçoit un soleil moins torride, par exemple protégé du soleil de midi si possible. Autrement, on optera pour un emplacement collé à une pierre sous laquelle la plante pourra développer des racines qui trouveront toujours fraicheur et humidité stables lors des canicules que connaissent toujours nos étés québécois de basses altitudes.
Avec les années, la talle grandira grâce aux stolons qui se développent à la base sous la surface du sol, desquels émergent de nouvelles rosettes de feuilles plus tard en saison . Ces rosettes sont de bons éléments de propagation pour obtenir de nouvelles plantes. Le semis à partir de semences fraiches donnent aussi de bons résultats. Il faut être patient, car la croissance est lente. Au début, quand les semences germent, la plantule se concentre sur le développement de racines profondes, c’est donc dire qu’à part une ou deux paires de feuilles, il ne se passe pas grand- chose en surface. Ce n’est que l’année suivante que l’on voit un développement aérien s’amorcer pour vrai.
La gentiane acaule est certes une des espèces les plus convoitées par les jardiniers qui s’intéressent aux alpines. Elle n’est pas offerte par les jardineries conventionnelles car sa culture demande trop de temps, on ne la considère sans doute pas rentable. Les producteurs spécialisés sont peu nombreux dans notre coin de pays, fort heureusement on en trouve chez ces commerçants. La semence est facilement disponible chez les grands semenciers (exemple Jelitto en Allemagne, plus localement au Québec : Alpinegium de M.Larochelle qui tient l’espèce acaulis en plus de nombreuses autres espèces, et en Ontario : Botany.ca qui tient plusieurs espèces de Gentiana) elle constitue un bon départ pour quiconque veut en faire la culture sans faire de grandes dépenses. À la SPARQ, la plante se trouve parfois lors des ventes organisées pour les membres ou aux évènements rassemblant des membres qui en font la culture et qui en vendent. Comme pour la majorité des alpines, on doit démontrer patience et persévérance pour obtenir un jour une belle masse qui fera la fierté de son jardin.
René Giguère
Membre de la SPARQ